Au delà de la Longue route, et maintenant en suivant la voyage de Martin le bateau poisson clown, de Manu son capitaine et de Michelle la maîtresse, des enfants scrutent l'horizon et se questionnent sur l'avenir de leur planète. Depuis quatre années, avec les enfants, nous animons ce blog, et par le biais de notre voyage autour du monde, nous continuons ce beau projet collectif; cet espace est avant tout un lieu de découvertes et d'échange autour de la mer, les voyages, la voile, le respect de notre environnement et de nos aventures bien sûr ! A vivre et à faire vivre par tous: enfants, voyageurs ou à l'école, amis, familles, passionnés de bateaux et amoureux de notre belle terre... Notre petit travail de colibri est d'essayer de tisser un lien entre les enfants du monde, un lien tissé des vraies valeurs, que sont le respect de l'autre et de notre planète.
28 Septembre 2018
Merci à Marie, notre amie, pour ce très beau texte que je ne résiste pas à publier à nouveau... après 44 jours de navigation pour Manu, il prend encore une autre dimension...
Le navigateur en solitaire pourra y trouver une part de sa quête dans le désir de réaliser un tel challenge, comme tout un chacun, pourra, lors des différentes étapes, des épreuves, des tournants de l'existence, y entrevoir un sens à sa vie....
Que cette route soit longue et belle pour nous tous, sur terre et sur mer, qu'elle nous permette d'avancer encore et encore!
Michèle
Comme une vie à la mer...
La mer a dilué mon passé, elle est mon seul horizon. Monologue incessant de mes pensées repeintes en bleu. Dépendre d’elles, mes pensées et la mer, je les surveille. Epinglé sur la carte de ma vie, instant donné, latitude, longitude. Que savent-ils de moi les autres, ceux qui vivent quelque part ailleurs, les absents et ceux qui sont déjà morts ? Les heures sont rondes, mes divagations s’étirent nonchalantes, alanguies telles des chats dans un rai de soleil. Traversée solitaire. Seul sur la mer.
J’enfante d’un nouveau moi, j’aiguise ma conscience de la fragilité comme sur une lame impérieuse de précision, d’honnêteté. Ici pas question de tricher sous peine de sentence immédiate, la mer y veille, puissante. Je dois faire corps, avec moi-même, avec l’embarcation qui me prolonge, avec elle, avec eux, qui m’attendent, sur la rive qui n’existe, alors, que dans mes souvenirs, mes rêves, mes espoirs et les cartes. Prendre soin de tous. Traversée solidaire. Seul, en mer.
Je me découvre, le vent caresse ma peau brûlée par le grand maître des horloges. Que restera-t-il de nous ? Nos statues sont entières de cire, à genou, sous une pluie de feu et d’or. Les voiles comme des ailes offertes au ciel. Déplier le temps, dire l’absence de silence, contempler émerveillé l’insondable infini, relier les terres. Ne plus savoir qui être, anagramme divin, de l’étreinte ou de l’éternité. Traversée sol-air. Seul, ma mer.
Je suis. Toi qui me lis. Mes cris, de souffrance ou de soie, quelques secondes à peine. Quelques labeurs heureux qui m’enchantent, me déchaînent, me conduisent où tu es, toi qui m’attendais, cet autre moi que je devinais, que je deviens, amusé de m’accueillir, de l’autre côté. Tu m’ouvres les bras. Choisir confiant l’étreinte et, dans une bouffée de joie, penser Terre ! Fin de la traversée. Seul, avec la mer.
Marie Decker
Et voici le blog de Marie pour découvrir plein d'autres textes,
un bel univers de sensibilité, de vérité, d'humanité et de poésie...
Sabine 29/09/2018 07:30